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La vallée de la Haute Durance

Les paysages de la vallée de la Haute Durance

Carte de situation

Les périmètres de protection et de gestion

La ville de Briançon dans son contexte géographique

La vallée de la Durance depuis la RN 94 en aval de Montgenèvre

La vallée de la Haute Durance depuis Risoul

*Source Insee

C’est la vallée qui installe le territoire paysager d’une Durance peu marquée par les interventions humaines, une Durance encore libre de ses humeurs. C’est le cours de la Durance et de ses affluents qui ont structurellement modelé les paysages.

Ici, le cadre est celui des montagnes : pas ou peu d’horizon laissant le regard s’échapper mais des sommets qui culminent entre 2000 et 3900 mètres avec un drapé de glaciers et l’éventail de sommets mythiques qui se font face ou se triangulent en bordure de l’UP tels le Chaberton, le Pelvoux, Rochebrune ou la Font Sancte.

C’est l’unité paysagère la plus longue, la plus linéaire en forme de couloir serré, fermée latéralement par la haute montagne, ouverte à ses deux extrémités Nord et Sud. Dans cette linéarité, il est possible de distinguer des différences d’ambiance qui ne contrarient pas l’unité de l’ensemble de l’UP mais qui viennent se positionner comme transitions avec des unités voisines : ainsi le verrou de Saint-Clément (Saint-Alban pour être précis) marque un passage entre la plaine de Châteauroux et le reste de l’UP, de même que les rampes de l’Argentière viennent créer une transition entre étages bioclimatiques, plutôt montagnard de type continental en amont, montagnard de type continental mais marqué d'une sécheresse estivale en aval.

Comme partout, l’homme a tiré parti de ces espaces, et dans une vallée en U de ce type, a usé du fond de vallée plan et limoneux pour une agriculture de rente, et des plateaux suspendus de Réottier, Saint Crépin, Champcella, Saint-Martin et autres pour une agriculture agropastorale dominée par des alpages de renoms. Entre les deux, sur des versants très pentus, rocs et forêts se partagent l’espace. Malgré ce socle support très contraignant, l’unité paysagère est paradoxalement très peuplée (la 2ème après le bassin de Gap), l’occupation humaine s’adaptant au lieu.

Couloir de circulation des vents, des graines, des hommes et des marchandises, la vallée est marquée par l’Histoire, d’où la présence d’une architecture militaire, religieuse et industrielle sans oublier les infrastructures qui l’accompagnent, l’eau, le rail et la route. De par son accessibilité -malgré un réseau viaire pas toujours adapté à la fréquentation-, elle offre une proximité avec la haute montagne. Cela constitue un véritable atout d’attractivité à la base non seulement d’un tourisme diversifié (pas uniquement tourné sur la pratique du ski et pour tout public) mais aussi de l’installation pérenne d’une population active en recherche d’un cadre de vie singulier. La RN94 constitue cependant une barrière fonctionnelle importante entre les deux versants.

L’attractivité touristique est renforcée par le patrimoine culturel emblématique lié à l’histoire militaire et industrielle de la vallée mais aussi par le patrimoine ordinaire qui mériterait d’être plus mis en valeur.

Entités administratives

Cantons : L’Argentière-la-Bessée / Embrun / Guillestre / Briançon 1 et 2

Communauté de communes : Embrunais / Briançonnais / Guillestrois / Pays des Ecrins

Communes : Briançon / Cervières / Mont-Dauphin / Puy-Saint-André / Puy Saint-Pierre / Réotier / Saint-Martin-de Querrières

Partie de Communes : Champcella / Châteauroux-les-Alpes / Eygliers / Freissinière / L’Argentière-la-Bessée / Guillestre / la Roche de Rame / Les Vigneaux / Montgenèvre / Risoul / Saint-André-d’Embrun / Saint-Clément-sur-Durance / Saint-Crépin / Val-des-Prés / Villar-Saint-Pancrace

 

Mesures règlementaires

Parcs nationaux : aire optimale d’adhésion du Parc National des Ecrins

Parcs régionaux : aucun

NATURA 2000 DOCOB : aucun

NATURA 2000 ZICO : PAC27 Parc National des Ecrins

NATURA 2000 ZPS : aucunNATURA 2000 ZSC : FR9301502 Steppique durancien et queyrassin / extrémité sud du FR9301499 Clarée/ Bordure de FR9301503 Rochebrune – Izoard – Vallée de la Cerveyrette / FR9301505 Vallon des Bans – Vallée du Fournel

PPR : avalanche / bloc / Glissement / inondation / ravinement / torrentiel

PLU : sur toutes les communes

Sites classées : 93C05016 fontaine pétrifiante de Réotier et ses abords / pointe est du site 93C050030 Massif du Pelvoux / une partie du site 93C05013 rochers situés sous la plateforme de Montdauphin / pointe sud du site n°93C05029 intitulé Vallée de la Clarée et Vallée étroite / 93C05022 Parcelles avoisinant la Pyramide de Montgenèvre

Sites inscrits : 93I05018 Eperon de la Croix de Toulouse / 93I05031 Rocher et village de Montdauphin / 93I05059 Ville vielle de Briançon et ensemble des fortifications / 93I05010 Pyramide de Montgenèvre et ses abords / partie Est du site n° 930 I05016 intitulé Abords du téléphérique de Serre-Rattier

Ce qui fait paysage

  • Le socle support
  • L'Eau
  • La végétation
  • HABITER / Urbanité
  • HABITER / Formes urbaines
  • HABITER / Caractères architecturaux
  • SE DEPLACER
  • EXPLOITER / Tourisme
  • EXPLOITER / Agriculture
  • EXPLOITER / Industrie
  • ADMINISTRER
  • Le fond de vallée
  • Les versants
  • Le haut des vallées
  • La « source » de la Durance

Les mutations des paysages

  • Analyse Diachronique / 1999 - 2014

    La vallée de la Haute Durance en 1999

    La vallée de la Haute Durance en 2014

  • Photos constats

    - Briançon depuis Puy Saint Pierre 1999 / 2014 -

    - Les Puys 1999 / 2014 -

    - Chateauroux Les Alpes 1999/2014 -

    - Saint Martin de Queyrières 1999/2014 -

  • Les facteurs d'évolution des paysages

    Dynamiques démographiques

    Malgré un socle support très contraignant, l’unité paysagère est paradoxalement très peuplée (la 2ème après le bassin de Gap). Les dynamiques les plus fortes s’exercent sur les bassins urbains (Briançon, Embrun, Guillestre) mais également sur des communes et/ou des vallées suspendues situées à proximité de ces centres urbains (Champcella, aval de la Vallouise…).

    Dynamiques d'aménagement

    Projets d'énergies renouvelables, notamment so­laire, bénéficiant d'aides financières du Département.

    Nouvelles installations (géothermie, pompe à cha­leur, solaire thermique/photovoltaïque), ayant peu d'impact sur les paysages : installation de petite taille, en milieu urbain.

    Réseau de lignes électriques aériennes en fond de vallée ou sur les pieds des versants : HT et THT.

    Grand Projet RTE : renforcement de la ligne L'Ar­gentière / Serre Ponçon, modification de ligne aé­rienne existante et projet d'enfouissement Briançon – Embrun

    Plusieurs espaces sont soumis à réglementation, principalement au sein du réseau Natura 2000. Les projets d'aménagements concernés par ces périmètres feront l'objet de plus de vigilance et de contrôle quant à leur qualité et leurs impacts sur les paysages. En revanche, ils subiront les facteurs d'évolution naturels.

    Néanmoins nombreux sont ceux qui échappent à ces périmètres de protection

    Dynamiques des milieux naturels

    Crues dévastatrices pour les équipements et infrastructures. Briançon et l'Argentière classée en 1ère et 2de position face au risque de crues torrentielles selon la base de données RTM

    Gonflements d'argile : risque faible.

    Aléas mouvements de terrain, coulées et chutes de bloc

     Chute d'un bloc sur la RN 94

     

    Dynamiques économiques

    Agro-pastoralisme

    La fragilité de l’agriculture de montagne affecte les secteurs dits hauts de la vallée. La perte du nombre d’éleveurs ne s’est pas accompagnée d’une dépécoration mais d’une rationalisation de la gestion pastorale : seuls les prés les plus rentables sont fauchés et pâturés (clôtures) d’où la fermeture des zones de fauche et de pâturage les plus excentrées et globalement fermeture progressive des milieux ouverts d’altitude, à l’exception des plus proches des exploitations et des plus facilement mécanisables. Ainsi en va-t-il pour Champcella, pour les hameaux d’altitude de Saint-Crépin (Champaussel, le Villard, Le Coulet…), de Réotier (Mikéou, les Gieux, les Lajards, Basse Rua…), de La Roche de Rame et de Saint-Martin.

    Industrie / Artisanat / Commerces

    Artisanat et commerces gagnent sur l’activité industrielle depuis de nombreuses années.

    Services / Loisirs / Tourisme

    Malgré une offre touristique complète, à la fois sportive et pa­trimoniale, c'est avant tout un espace urbain duquel les popu­lations touristiques tendent à se détourner au profit des lieux offrant de grands espaces "naturels", comme les vallées voisines de la Guisane ou de la Clarée.

     

  • Les transformations des paysages / Tendances évolutives

    Deuxième unité de paysage la plus peuplée après le bassin de Gap, sa population a augmenté d'environ 14 % entre 1999 et 2011, se concentrant essentiellement sur la ville de Briançon. Même si les retraités représentent désormais plus du quart de la population, les habitants vivent et travaillent sur ce territoire.

    Pour satisfaire aux besoins de cette population croissante, des zones d'activités et commerciales s'installent en périphérie.

    La proximité de l'Italie et du grand domaine skiable de Serre Chevalier renforce l'attractivité de cette vallée et plus particu­lièrement la ville de Briançon.

    Cette dynamique démographique se traduit par la diffusion de l'urbain en périphérie des communes majeures de cette val­lée. Cette tendance à grignoter les espaces agricoles s'affirme, et fait peser sur ces terroirs une pression urbaine importante.

    Les versants se saupoudrent d'habitat individuel tandis que le fond de vallée est occupé par les zones d'activités et/ou com­merciales qui nécessitent des surfaces planes.

    Il faut aussi prendre en compte, dans la transformation des paysages de cette vallée, le projet de renforcement de ligne THT par RTE, en aérien pour la section l'Argentière / Embrun et la construction d'une nouvelle ligne L'Argentière / Briançon. Ce projet trouve sa justification, en partie, par les besoins accrus en période hivernale générés par l'afflux massif de tou­ristes.

    Conjointement au développement économique de la vallée, le nombre d’exploitations agricoles a été divisé par deux entre 1988 et 2010 ; l’agriculture ne joue plus désormais son rôle "bâtisseur du paysage".

    En effet, la vallée présente des formes de relief spécifiques, témoins du façonnement glaciaire et racontant la formation de ce territoire. Entre replats glaciaires et cônes de déjection, l'homme a trouvé des espaces où s'installer et cultiver pour vivre, contraint dans une vallée dont les resserrements et verrous lui ont laissé peu d'opportunités.

    C'est bien l'activité agricole qui donne à lire ces formes de relief singulières, entre Saint Crépin et Châteauroux les Alpes.

    Or l'analyse diachronique montre une tendance à l'épaississement des haies soulignant les parcelles et à une fermeture progressive des milieux. Les bois se diffusent, profitant de l'abandon des cultures

    Les formes groupées des villages se perdent au milieu de l'étalement urbain.

  • Les enjeux paysagers

    Vallée contrainte par une géomorphologie complexe, les espaces occupés par l'homme subissent les plus fortes mutations car ils se réduisent à ce que le relief offre de possibilités d'exploitation.

    Autrefois principalement agricoles, la pression urbaine y est très forte associée aux changements sociétaux et que ce soit les espaces en fond de vallée ou ceux d'altitude. Chacun subit des évolutions différentes mais qui conduisent au même constat c'est à dire à une perte de lecture des structures paysagères identitaires de cette vallée.

    Le fond de vallée

    Nouvelles extensions urbaines consommatrices d'espace agricoles et naturels : habitats et équipements.

    Nouvelles zones d'activités et commerciales pour maintenir l'emploi et satisfaire les besoins des populations locales et touristiques.

    Localisation : aux confluences de vallées : « plaine » de Guillestre, l’Argentière et plaine de Brianço

    • Extension urbaine et artisanale non accompagnée dans le sens d'une intégration paysagère et préservation des paysages ayant comme conséquence un mitage des espaces, une diminution des surfaces agricoles et le floutage des structures paysagères.
    • Zones de développement urbain sous forme de continuum absorbant les villages périphériques et gommant les particularismes urbains.

    Localisation : les berges de la Durance: Exploitation touristique, crues/étiage…

    Les infrastructures énergétiques et routières

    Conséquences sur les paysages : leur intégration au relief et barrière fonctionnelle induites

    Conséquences sur les milieux : ruptures des corridors écologiques et destruction d'habitats

    • Projet d’installation de la THT avec l’interrogation sur les contreparties pour le réseau électrique en place (diminution ou non des kms électriques linéaires)
    • Contournement des villages : la Roche de Rame…RN 94, barrière fonctionnelle et sources de dysfonctionnements dans la traversée de villages (la Roche de Rame, Saint Crépin et Saint Clément).
    • Maintien et rénovation du réseau ferré

    Les versants occupés ou abrupts

    Diffusion de l'habitat sur les pentes quand le fond de vallée n'offre plus de possibilité ou que son foncier est de manière préférentielle attribué aux activités nécessitant des grandes surfaces planes comme les zones activités et/ou commerciales.

    Dynamique des milieux encore très active notamment au regard du risque de chutes de bloc ; plusieurs dégâts importants ont d'ailleurs été répertoriés.

    Déprise agricole

    Conséquences sur les paysages : en lieu et place des terres cultivées, extensions urbaines se diffusant sur les pentes avec imperméabilisation des sols et extension du maillage viaire. Mitage des coteaux par essaimage d'un habitat individuel.

    Enfrichement et recolonisation par une végétation spontanée conduisant à la fermeture des milieux et au floutage de la trame paysagère.

    Conséquences sur les milieux : appauvrissement de la biodiversité

    Les hauts agropastoraux

    Déprise agricole : Diffusion de l'habitat autour des hameaux : imperméabilisation des sols et extension du maillage viaire. Mitage des espaces ouverts et installation de nouveaux vocabulaires paysagers étrangers : clôtures, jardins...

    Enfrichement et recolonisation par une végétation spontanée arborescente conduisant à la fermeture des milieux, à la perte de lecture des subtilités du relief et à l'appauvrissement de la biodiversité.

    La source

    A la source de la Durance se joue le développement d’une station d’altitude qui modifie son front de neige, développe son bâti (quartier de l’Obélisque) et crée des infrastructures pour réguler les déplacements routiers (parking, tranchées couvertes…).

    Développement d'activités autres que le ski pour permettre une offre touristique estivale voire toute l'année et pour capter une clientèle étrangère : golf, balnéo...

  • Les préconisations paysagères

Les paysages possibles

AVERTISSEMENT : Les scenarii présentés s'appuient sur des processus de mutation des paysages mis en évidence par une analyse objective des données disponibles. Ils ne constituent en aucun cas une évolution voulue ou souhaitée. Ils alertent d'une possible transformation si les décisions en termes d'aménagement du territoire n'affirment pas une vraie préoccupation de préservation des paysages. Ils incitent à une vigilance paysagère orientée vers la sauvegarde de la qualité des paysages, source de développement économique et social.

  • Si la tendance évolutive se poursuit … les nouveaux paysages de la vallée

    L'analyse diachronique 1999 – 2014 révèle une tendance affirmée à l'étalement urbain à partir des pôles urbains majeurs :

    Briançon essentiellement mais aussi l'Argentière et Châteauroux les Alpes. L'extension des zones d'habitat s'accompagne du développement de zones d'activités et commerciales.

    Tandis que ce processus de péri-urbanisation impacte les espaces agricoles principalement, les espaces naturels se ferment passant de l'état de broussailles à celui de boisement, sans réellement gagner de nouvelles terres.

    Les espaces agricoles entourant les pôles urbains subissent directement la pression urbaine car ce sont autant d'opportunités foncières pour répondre aux besoins d'une population qui augmente.

    En 2014

     

    Ces terres cultivées utilisent au mieux les assouplissements du relief dans une vallée aux versants souvent abrupts et peu hospitaliers et peuvent ainsi facilement laisser la place à des constructions.

    C'est ainsi que de Briançon à L'Argentière l'habitat se diffuse sur les piedmonts quand les terrains larges et plats du fond de vallée accueillent les zones d'activités et commerciales, faisant s'entremêler habitat, agriculture et activités. Après l'Argentière, dans une vallée essentiellement agricole, l'habitat s'est réparti au plus près des lieux d'exploitation sur les versants, replats et glacis. La tendance est maintenant à l'essaimage d'un habitat individuel au gré des opportunités que laisse l'abandon progressif des pratiques agricoles. Les scenarii proposés illustrent ces processus d'étalements urbains et de fermeture des milieux.

  • Le bassin de Briançon : vers un paysage fragmenté et mité

    Briançon est un pôle urbain toujours plus attractif par la proximité de la ville et des grands espaces récréatifs. Ville frontalière, Briançon profitera encore d'une Italie proche et des grands domaines skiables de Montgenèvre et Serre Chevalier. C'est aussi le deuxième bassin économique après Gap.

    La croissance démographique régulière implique des besoins en logements, en services et en activités.

    Les activités et services demandent de vastes surfaces que seul le fond de vallée peut offrir, repoussant ainsi les zones d'habitat sur les versants.

    En 2014

     

    La ville s'étend absorbant, dans un continuum urbain, les villages de sa périphérie proche, quand ceux perchés continueront leur extension depuis leur centre pour devenir ces villages "obèses", gonflés de leurs extensions d'habitat individuel.

    L'économie de ce territoire repose essentiellement sur le tourisme. Le grand domaine skiable de Serre Chevalier, véritable pilier économique, doit, pour rester attractif, offrir toujours plus de possibilités de pratiques sportives et récréatives. On peut imaginer ainsi un domaine qui s'étend avec de nouvelles pistes sur les pentes boisées du Mont Prorel.

    Aujourd'hui c'est un système paysager étagé : d'abord la ville en fond de vallée, puis les piedmonts cultivés et leur habitat regroupé en hameaux, quand la pente se fait plus raide et inhospitalière c'est au tour des boisements de s'installer qui, plus haut, s'éclaircissent pour laisser la place aux praires alpines et aux hauts sommets. A terme, la lecture de ce système disparaîtra au profit d'une urbanisation filante et d'une banalisation des motifs paysagers.

    Les conséquences de ce scénario seront un paysage de versants boisés fragmentés par les traces des nouveaux équipements sportifs, constellés d'habitat individuel et marqués de ces villages obèses. Il ne faut pas oublier les impacts sur l'environnement avec notamment l'imperméabilisation des sols et les obstacles fabriqués au libre écoulement des eaux de ruissellement.

  • Des spécificités géo-morphologiques effacées et un paysage "rempli".

    Le façonnement glaciaire a imprimé les particularités géo-morphologiques de la Haute Durance : replats, glacis et plateaux glaciaires. Les cours d'eau affluents de la Durance creusent ravines et vallons, quand les marnes noires font apparaître des zones désertiques révélant les subtilités d'une géologie riche.

    L'homme pour vivre sur ce territoire a mis à profit les formes de relief où cultiver et habiter étaient possibles. En utilisant chaque replat, en aménageant les pentes en terrasses, il a ainsi donné à lire ces éléments de relief, les soulignant, ourlant les parcelles de pierriers, de talus ou de haies, et abandonnant à la forêt les pentes trop raides.

    En 2014

     

    Cet assemblage d'espaces naturels et anthropiques construit une mosaïque de verts et de formes géométriques dans laquelle s'équilibrent les pleins des boisements et les "vides" des terres cultivées. C'est là un des caractères paysagers qui fait la particularité de la vallée de la Haute Durance.

    L'analyse entre 1999 et 2014 révèle un épaississement de la ripisylve et des haies ourlant les parcelles. Le couvert forestier gagne du terrain sur les espaces ouverts et agricoles, quand les villages continuent de s'étendre.

    Si ce processus se poursuit, les vides se remplieront effaçant peu à peu le motif de mosaïque, qui fait la qualité de ces paysages, et permet la lecture d'une géo-morphologie exceptionnelle.

    En lieu et place d'un canevas subtil, c'est un paysage "rempli" qui prendra place avec une systématisation du village "obèse" en piedmont, le long des voies de desserte, surmontés de versants boisés où les formes de relief seront absorbées par le couvert forestier.

    Comme pour chaque fermeture de milieu, la biodiversité s'appauvrira alors que les extensions urbaines viendront rompre les continuités écologiques et imperméabiliser des sols.

    C'est au travers des documents de planification urbaine que le motif paysager existant pourra être préservé par une urbanisation maîtrisée et réfléchie au travers de la définition d'emplacements préférentiels et de formes urbaines opportunes. C'est la mise en place de principes de gestion et de préservation ambitieux des espaces naturels et agricoles qui permettra de conserver la mosaïque paysagère.