Accueil L'atlas des paysages des hautes alpes La vallée des Drac

La vallée des Drac

Les paysages de la vallée des Drac

Carte des périmètres

La vallée du Drac à Saint Julien en Champsaur depuis Laye

Les openfields du plateau d'Ancelle, au fond la Grande Autane

La vallée du Drac Noir et la station d'Orcières Merlette, au fond le Mourre Froid et le Pic de Rochelaire

La vallée du Drac depuis Saint Bonnet en Champsaur dominée par le massif du Dévoluy

Echappée vers l'Isère depuis le plateau de la Motte en Champsaur

La vallée des Drac depuis Le Villard de Laye

Une large vallée creusée dans les roches tendres des schistes noirs.

*Source Insee

Elle est peut-être la plus dauphinoise des vallées haut-alpines, témoins son architecture, l’organisation de ses terroirs, et son esprit d’indépendance et d’innovation, mais l’empreinte du Dauphiné est telle dans ce département qu’il est difficile d’en figer les traits et de les affecter superficiellement à l’une ou l’autre des vallées qui vécurent sous sa coupe. Néanmoins, le bassin du Drac est rhodanien et l’histoire de ces vallées est intimement liée à celle de l’Isère voisine (Lesdiguières, Etats généraux de la Révolution, épopée du train, alpinisme…).

Torrent en Y courbé, le Drac prend sa source en deux lieux, le Blanc au pied du Sirac, le noir au pied du Mourre Froid ; le Blanc le serait du fait des gneiss, le noir du fait des marnes. Les deux s’unissent en aval des Martins, quittent les vallées étroites de haute montagne pour s’étendre dans la plaine de Pont du Fossé, prendre une courbure au niveau de Saint-Laurent du Cros et poursuivre son cours entre le Dévoluy et le bloc granitique des Ecrins.

De paysages de haute montagne, le Drac passe dans une vallée ouverte, large, fertile connue pour ces paysages particuliers de bocage de montagne.

Cette vallée ouverte est celle de la richesse, de la diversité et de l’ingéniosité des paysans qui ont dû, pour y vivre, s'adapter aux conditions naturelles en installant des haies pour se protéger du vent venu du Nord. C'est ainsi qu'ils ont créé ce bocage de montagne connu et reconnu qui fait l'armature paysagère de cette vallée.

Ici les paysages s’articulent entre fond de vallées, plateaux, versants et sommets.

Sur ces structures morphologiques et géomorphologiques se sont construits les histoires des hommes et les images du paysage d’aujourd’hui.
C'est une vallée très agricole, en pointe dans ce domaine, aussi bien techniquement que structurellement (coopératives, points de vente, responsables professionnels…), une vallée touristique avec six stations de ski (Orcières-Merlette, Serre-Eyraud, Saint-Michel de Chaillol, Saint-Léger les Mélèzes, Laye, et Ancelle) réunis en Syndicat Mixte, et enfin, une vallée où la question de l’environnement n’est pas omise compte tenu de son inclusion partielle dans les limites du Parc national des Ecrins.

Les terroirs agricoles s'organisent selon l'altitude : les cultures fourragères et céréalières s'étalent dans le fond de vallée, le cœur de bocage occupe les adrets et est essentiellement orienté sur l'élevage bovin, l'élevage ovin a occupé les coteaux et les versants les plus hauts.

Riche de ses traditions, fière de sa ruralité et de la présence marquée d’un patrimoine historique et religieux conséquent.

Pas de grande ville, seulement de gros villages, un axe de circulation majeur, la Route Nationale 85 qui du Sud arrive de Gap pour cheminer vers le Nord jusqu’à Grenoble.

Entités administratives

Cantons : Saint-Bonnet-en Champsaur

Communauté de communes : Valgaudemar / Champsaur / Haut-Champsaur / petite enclave de la Communauté d’Aglomération du Gapençais

Communes : Aspres-les-Corps / Saint-Firmin / Saint-Jacques-en-Valgaudemar / Chauffayer / Le Glaizil / Les Costes / Saint-Eusèbe-en-Champsaur /Le Noyer / Poligny / Saint-Bonnet-en-Champsaur / La Motte-en-Champsaur / Saint-Michel-de-Chaillol/ Saint-Julien-en-Champsaur / La Fare-en-Champsaur / Laye / Saint-Laurent-du Cros / Forest-Saint-Julien / Buissard / Chabottes / Saint-Léger-Les-Mélèzes / Saint-Jean-Saint-Nicolas / Orcières / enclave de Champoléon / enclave de Gap

Mesures règlementaires

Parcs nationaux : Parc National des Ecrins

Parcs régionaux : aucun

NATURA 2000 DOCOB : ZSC (Valgaudemar, Dévoluy) ZPS (Ecrins)

NATURA 2000 ZICO : PAC27 Parc National des Ecrins

NATURA 2000 ZPS : FR9310036 Les Ecrins

NATURA 2000 ZSC : FR9301506 Valgaudemar / FR9301511 Devoluy-Durbon-Charance-Champsaur / partie Nord de Saint-Bonnet-en-Champsaur (correspondant aux anciennes Communes de Bénévent-et-Chabrillac ainsi que Les Infournas.)

PPR : avalanche, bloc, glissement, inondation, ravinement, torrentiel

PLU : toutes les Communes sauf Saint-Jacques-en-Valgaudemar, Le Glaizil, Les Costes , Saint-Eusèbe-en-Champsaur, La Motte-en-Champsaur

Sites classées : 93C05007 Bloc erratique de Pierre Folle / 93C05006 Bloc erratique de de Pierre Grosse

Sites inscrits : 93I05009 abords du Col Bayard

Ce qui fait paysage

  • Le socle support
  • L'Eau
  • La végétation
  • HABITER / Urbanité
  • HABITER / Formes urbaines
  • HABITER / Caractères architecturaux
  • SE DEPLACER
  • EXPLOITER / Agriculture
  • EXPLOITER / Tourisme
  • EXPLOITER / Industrie
  • ADMINISTRER
  • Les grands espaces
  • Les espaces ouverts
  • Le bocage de montagne
  • Les ubacs boisés

Les mutations des paysages

  • Analyse Diachronique / 1999 - 2014

    La vallée des Drac en 1999

    La vallée des Drac en 2014

  • Photos constats 1999 / 2014

    - La station village d'Ancelle -

    - Saint Michel de Chaillol -

    - La station d'Orcières -

  • Les facteurs d'évolution des paysages

    Dynamiques démographiques

    Entre 1999 et 2011, la population de l’Unité Paysagère de la vallée des Drac a connu une croissance démographique continue, passant de 8233 à 9317 habitants. Sur la même période, le nombre de logements augmente également de 11 304 à 13 690, sans que la répartition entre résidences principales (33%), résidences secondaires (64%) et logements vacants (4%) ne change. Les résidences secondaires sont surreprésentées, 64% contre 49% dans le département, en raison des nombreuses stations de sports d’hiver existant dans la vallée.

    Le développement démographique de l’unité s’accompagne d’un développement des zones d’activités essentiellement à Saint Bonnet (ZA du Moulin) et à Chabottes (La Plaine).

    Évolution du parc de logements entre 1999 et 2011. Source : RGP 99, 2006 et 2011

    Dynamiques économiques

    Agro-pastoralisme

    L'agriculture a perdu son image d'agriculture traditionnelle et a conquis l'image d'une agriculture aux résultats de production conséquents tout en maintenant une qualité paysagère de qualité. C’est dans cet esprit que le PER n°2 a été présenté, désormais vrai projet de territoire, preuve du dynamisme agricole de cette Unité.

    Le pastoralisme : des espaces sur-pâturés pour certains jusqu'à la moitié du XXème à ceux maintenant sous-pâturés, le tapis herbacé se dégrade et se voit colonisé par les broussailles puis par l'arbre.

    Industrie / Artisanat / Commerces

    Vallée où l’artisanat est encore aujourd’hui une valeur de territoire, il n’y a pas à craindre à court, moyen ou long terme un développement de type industriel qui puisse être un facteur d’évolution des paysages. Seuls les ZAC, où s’implantent cette activité économique sont à cadrer pour minimiser leur impact sur le paysage.

    Souvent oubliés, les canaux et tout autre outil de conduction de l'eau (usine hydroélectrique) crée un formidable réseau sur le territoire.

    Services / Loisirs / Tourisme

    Les activités touristiques sont créatrices de paysage, ne serait-ce les stations de ski qui outre les aménagements urbains ponctuent les forêts de pistes de descente (Saint-Léger, Saint-Michel de Chaillol...) et les bases de loisirs (Plan d'eau, centre d'Oygénation...) qui induisent des aménagements routiers (parking) et touristiques. La question du changement climatique et de la baisse de fréquentation des stations posent la question de l'évolution des stations : entre le grand domaine skiable d'Orcières et les stations village situées sur des limites altitudinales qui peuvent les mettre en difficulté demain, la question de la spéculation neige est importante dans la vallée ; et elle conditionne les vies économique et sociale à venir, donc les paysages.

    Outre les loisirs "blancs", le Champsaur a su jouer sur la complémentarité entre saisons d'où la présence importante de loisirs "verts ou bleus" : terrestres avec la proximité des Écrins et un réseau dense de sentiers (pédestre, équestre et VTT), aériens et d'eaux vives ; la vallée rassemble toutes les offres.

     

    La vallée jouit d’une dynamique liée à la proximité de l’axe reliant Gap à Grenoble (RN85)

    Dynamiques des milieux naturels

    Crues, glissements de terrains et avalanches

    Remontée de la limite entre étages subalpin et alpin, visible par la présence de certaines espèces à des altitudes moyennes.

    Conséquence de la croissance de la démographie : les nouvelles ZA

    La taille des haies en "tétard", témoin d'un savoir-faire agricole ancestral

    Le village groupé : forme urbaine traditionnelle

    Les politiques d'aménagement

    Intensité urbaine

    Elle est principalement localisée dans la vallée et se renforce à proximité de la Route Napoléon (RN85). Profitant de cet axe de desserte majeur, de nombreux hameaux se sont installés le long de cette voie de communication.

    En montagne, si le développement touristique permet un renouveau démographique, il entraîne aussi une diffusion de l'habitat. Plusieurs pôles touristiques se répartissent sur ce territoire et la recherche d'une attractivité tout au long de l'année nécessite de nouveaux lieux d'accueil pour les populations touristiques.

    Energies renouvelables

    La présence de 5 stations village à - de 2000 m d'altitude révèle la vulnérabilité de l'UP aux effets attendus du changement climatique et la place dans une nécessaire réflexion sur le devenir de ces stations.

    L'étude de cadrage des projets éoliens de 2005 classe la vallée des Drac dans les zones à sensibilité majeure pour sa partie bocagère, le reste est classé à sensibilité très forte. La première interdit ou déconseille fortement les projets d'éoliens, tandis que la seconde les autorise sur des lignes de crêtes secondaires notamment et sous réserve de mesures particulières*. (*source Etude paysagère de cadrage des projets d'éoliens dans les hautes Alpes - juillet 2005 - Akene Paysage). Tout projet d'implantation devra être la conclusion d'un diagnostic paysager minutieux qui sera en mesure de déterminer des lieux d'implantation qui préservent le mieux la qualité paysagère du site.

    Aucun projet d'infrastructures énergétiques n’est pour l’heure annoncé.

    Les politiques de gestion et de protection 

    Plusieurs espaces sont soumis à réglementation, principalement au sein du réseau Natura 2000. Les projets d'aménagements concernés par ces périmètres seront l'objet de plus de vigilance et de contrôle quant à leur qualité et leurs impacts sur les paysages. En revanche, ils subiront les facteurs d'évolution naturels.

     

  • Les transformations des paysages / Tendances évolutives

    Avec une croissance démographique continue, le phénomène de péri-urbanisation s'affiche autour de chaque principal village de l'unité de paysage avec son cortège d'extension urbaine sous forme de lotissement, de nouvelles zones d'activités et commerciales.

    Parallèlement, l'activité agricole, qui est la première activité économique de la vallée, se maintient avec une augmentation du nombre d'agriculteurs exploitants. Ainsi la transformation des paysages est toute relative : le système bocager perdure, bien que son épaississement se constate. La fermeture des milieux s'opère lentement mais elle est effective : les Drac connaissent une déprise agricole depuis le milieu du XIXe siècle et si les incidences paysagères ne sont pas extrêmes en raison du partage du foncier des petites exploitations par les grosses exploitations, l'ager continue de se rétracter sur les territoires les plus excentrés et les moins accessibles par la machine agricole. Les terres les mieux situées se maintiennent, mais les espaces de plateaux connaissent un manque d'entretien des terres et des aménagements.

    Parallèlement, en raison de la remontée biologique et de la faible pression pastorale, la forêt gagne en altitude et en plaine (bocage). Les paysages ont tendance à se refermer mais la pression agricole ralentit ce processus plus flagrant dans d'autres UP.

    La tendance la plus marquée et la plus préjudiciable pour les paysages est bien la péri-urbanisation. Les abords des villages se constellent d'habitat individuel, souvent en rupture avec la trame urbaine déjà installée des villages.

    La vallée vit aussi de son tourisme. La station d'Orcières ne présente pas d'extensions urbaines depuis 1999, son offre d'hébergement étant suffisamment élevée pour répondre à une demande en matière de tourisme d'hiver qui ne s'accroît pas voire diminue.

    Les stations village ont su allier développement et préservation de leur caractère villageois : pas de gros volumes bâtis, mais plutôt de gros chalets divisés en appartement. Si quelques bâtiments de type immeubles collectifs existent, ils restent néanmoins isolés.
    Il faut aussi envisager, dans la transformation des paysages de la vallée des Drac, ce que les changements climatiques pourront induire comme mutations : quel devenir pour les nombreuses stations village situées à moins de 2000 m quand l'enneigement se fera de plus en plus aléatoire ? Quels impacts sur l'économie de la vallée ?

  • Les enjeux paysagers

    Les grands espaces sauvages et consommés

    Espaces sous "influence" du Parc National des Ecrins, ils bénéficient de sa protection. Cependant ils sont soumis à la dynamique des milieux et voient leurs espaces ouverts d'altitude peu à peu se fermer.

    Nombreux sont les alpages « aage » c'est-à-dire que les brebis sont non gardées quotidiennement mais simplement surveillées régulièrement. Les formes de relief propre aux massifs cristallins permettent ce type de garde et chaque éleveur occupe un alpage, sur lequel son troupeau a acquis une expérience et une mémoire.

    La baisse de l’activité agropastorale et celle du nombre d’agriculteurs dans ce secteur particulier risque de mettre à mal cette pratique et va contribuer à renforcer l’embroussaillement sur les parties basses des alpages des Borels et de Molines-en-Champsaur, lieux où ce type de pratique se perpétue.

    Sur les alpages du Drac noir, la pression pastorale se maintient.

    La raréfaction du nombre d’agriculteurs conduit, de la même manière, à une sous-utilisation des terres arables ou fauchées les plus excentrées (plateaux de la Coche, des Richards, des Roranches...) et à une concentration de l’activité agricole sur les terres les plus facilement mécanisables. La fermeture des milieux se poursuit à l’heure où la pression climatique facilite la remontée de certaines espèces forestières, le mélèze notamment, et même les clapiers, véritables marqueurs paysagers témoins de l'occupation humaine, se recouvrent petit à petit de végétation.

    La plupart des villages conservent leur structure groupée notamment sur le territoire de Molines en Champsaur.

    Sur Orcières-Merlette, la présence de la station conduit à des autorisations de constructions qui mitent le paysage, ainsi sur Montcheny, Les Fouras et les autres hameaux situés entre Orcières et Merlette. L’enjeu réside dans la conservation d’un équilibre entre les parties fauchées (en terrasses) et les parties construites pour maintenir la lecture de chaque hameau. Dans un plan de gestion (non abouti), le Parc national des Ecrins avait suggéré la création d’un hameau supplémentaire pour éviter l’étalement des hameaux existants. Par ailleurs, sur cet espace dévolu aux sports d’hiver, la réflexion doit se porter sur l’intégration des nouveaux bâtiments dans la pente.

    Les espaces ouverts du plateau d'Ancelle

    Le constat est analogue à la structure paysagère précédente.

    La déprise agricole fait peser un risque sur ces espaces ouverts caractéristiques de ce plateau.

    Ces terres agricoles sont menacées à la fois par l'urbanisation des périphéries d'Ancelle et Saint Hilaire. Ce phénomène déjà enclenché fait apparaître des nouvelles constructions qui constellent les terres, étrangères à la trame urbaine et paysagère.

    Et il y a la perte de lisibilité paysagère des franges, là où la forêt s'étend au détriment d'une agriculture pastorale pas suffisamment puissante pour la contrer.

    Le bocage de montagne et sa rivière associée

    Plusieurs enjeux de territoire ont une résonance pour les paysages

    • Le maintien de l’agriculture par le système agraire unique de bocage de montagne pour sa valeur économique, patrimoniale mais aussi environnementale par la richesse écologique faunistique et floristique apportée grâce au maillage de ses haies. Pour sa fonction d'entretien des paysages.
    • L'extension des boisements concerne les talus et les versants sur lesquels la pression pastorale tend à s'essouffler. L'épaississement des haies s'associe à la disparition de l'activité agricole de certaines parcelles et celle des ripisylves au manque d'entretien des cours d'eau.
    • La préservation des espaces de pratiques sportives (ski alpin ou de fond, escalade et alpinisme, loisirs verts et d'eau, sports aériens) et la physionomie des stations villages.
    • La conservation des espaces de liberté et de divagation des rivières par ce qu'elles offrent d'activités de loisirs et sportives, mais aussi au regard des risques de crues et d'inondations, dévastatrices pour les milieux et les équipements, réels malgré les ouvrages de maîtrise des cours d'eau existants.

    Les enjeux sont de fonctionnement :

    L'augmentation du trafic sur l'unique voie d'accès à la vallée et aux lieux touristiques, que ce soit la RN 85 ou la RD 994 : la fréquentation en hausse et les menaces qui pèsent sur les villages traversés en raison de leur trafic dense en saison et les conflits d'usage qu'il génère.

    Les enjeux sont urbains au travers de :

    De la péri-urbanisation des villages et des stations de ski pour répondre à l'accroissement de la population et aux besoins de maintenir l'attractivité des pôles touristiques : nouvelles extensions urbaines consommatrices d'espaces agricoles et naturels sous forme d'habitat individuel diffus entre Pont du Fossé et Saint Laurent de Cros, le long de la RN85 depuis Laye jusqu’à Saint-Bonnet. L'enjeu porte aussi sur la banalisation de l’architecture de ces nouveaux quartiers. Ces nouvelles constructions correspondent aussi à la nécessité de satisfaire les besoins d'hébergement toujours plus importants et l'adaptation des équipements pour répondre à des pics de population aussi bien estivaux qu'hivernaux. Cela a aussi comme conséquence un taux de vacance élevé du parc de logements saisonnier.

    De la création de nouvelles zones d'activités et commerciales, pour satisfaire les besoins des populations locales et touristiques. Souvent peu ou mal insérées dans leur environnement et sans recherche affichée d'une qualité architecturale.

    Les ubacs boisés

    Le risque est l'extension de la forêt sur le haut et la perte de distinction des étages d'usage du foncier d'altitude. Les alpages commencent à être ponctués d'arbres et à terme la forêt gagnera les pentes jusqu'aux éboulis.

    Du fait de leur ombrage, les terres habitées pourraient être délaissées au profit de celles plus ensoleillées et accueillantes.

    Cette éventualité accentue la pression qui pèse sur le plateau de La Motte en Champsaur et la commune de Saint Bonnet en Champsaur déjà sollicitée par l'urbanisation.

     

  • Les préconisations paysagères

Les paysages possibles

AVERTISSEMENT : Les scenarii présentés s'appuient sur des processus de mutation des paysages mis en évidence par une analyse objective des données disponibles. Ils ne constituent en aucun cas une évolution voulue ou souhaitée. Ils alertent d'une possible transformation si les décisions en termes d'aménagement du territoire n'affirment pas une vraie préoccupation de préservation des paysages. Ils incitent à une vigilance paysagère orientée vers la sauvegarde de la qualité des paysages, source de développement économique et social.

  • Si la tendance évolutive se poursuit…

    Ici plus qu'ailleurs dans le département, ce sont les pratiques agricoles qui ont dessiné les paysages de la vallée des Drac.
    La sensibilité des paysages de cette vallée tient dans les modes culturaux qui lui sont propres. Aujourd'hui terre d'élevage et de labours, le système bocager correspond à ces pratiques agricoles que pourrait contredire une nouvelle orientation de la PAC privilégiant alors d'autres cultures pour lesquelles le bocage deviendrait inapproprié. Cependant, si le nombre d'exploitants a été divisé par deux durant la dernière décennie, la Surface Agricole Utile est quasiment restée inchangée, révélant un phénomène de regroupement des exploitants plus que celui d'une déprise agricole. Envisager le maintien de ces terroirs semble alors légitime.

    En 2014

     

    Un autre facteur d'évolution serait à prendre en compte, l'enneigement. En effet, l'unité de paysage de la vallée des Drac est une de celles qui regroupent le plus grand nombre de stations de moyenne altitude ; l'autre étant les vallées du Guil. Ses territoires sont alors directement concernés par la question de l'avenir de ces stations de ski, qui sont une manne économique importante pour ces vallées. La neige artificielle est à ce jour la réponse la plus fréquemment apportée aux problèmes d'enneigement mais très vite apparaissent les limites de ces procédés, limites à la fois économiques et environnementales. Les nouvelles techniques d'enneigement coûtent cher, difficilement soutenable pour une petite station, et peuvent avoir des incidences environnementales non négligeables notamment en termes de consommation en eau.

    Ces stations seront donc amenées à réfléchir à de nouvelles offres de loisirs mais les possibilités étant larges et variées, envisager leurs impacts sur les paysages relèvent du fantasme à prédire l'avenir.

    Selon des critères plus objectifs et tangibles, la transformation des paysages de la vallée des Drac relèverait de processus d'évolution que les scenarii ci-après illustreront :

    • Une péri-urbanisation auréolaire des villages principaux
    • Une attractivité des espaces le long des axes routiers structurants, la RN 85 et la RD 944
    • Un épaississement des forêts ripicoles et de la trame bocagère
    • La colonisation par la forêt des espaces ouverts d'altitude
  • Vers un continuum urbain le long des axes routiers

    Aujourd'hui la trame urbaine s'organise entre habitat dispersé associé à l'activité agricole et le village installé le long d'une route souvent en fond de vallée mais parfois à flanc de versant (Saint-Léger-les-Mélèzes, Serre-Eyraud, Poligny ou encore Saint-Michel-de-Chaillol).

    Si le processus de regroupement d'exploitants agricoles se poursuit, l'habitat dispersé qui lui est associé disparaîtrait peu à peu laissant les lieux les plus éloignés être désertés.

    En revanche, les villages à proximité des axes de circulation capteraient les nouvelles populations. La pression urbaine est très forte sur les espaces de plaine à proximité des axes de liaison.

    En 2014

     

    Profitant d'une accessibilité facile, les nouveaux secteurs d'habitat et les nouvelles zones d'activités, nécessaires à la vie économique de la vallée, continueraient de s'implanter de part et d'autre des axes routiers, RN 85 et RD 944, selon le même processus déjà engagé.

    En effet, que ce soit le long de la RN 85 vers Saint Bonnet en Champsaur ou à Chabottes le long de la RD 944, activités et commerces s'installent sur d'anciens champs répondant à une logique de nécessaires visibilité et accessibilité.

    Souvent, ce sont des volumes simples de type hangar, bas mais massifs, parfois outrageusement colorés qui construisent les nouveaux paysages de ces routes et entrées de ville. Les abords, parkings ou zones de stockage, autour du bâti n'ont pas de réel traitement qualitatif.

    Cette évolution peut profondément modifier les paysages de ces routes qui aujourd'hui sont installées en fond de vallée et offrent au regard les vastes espaces ouverts des champs environnants. Le large panorama d'aujourd'hui deviendrait un couloir "urbain" et c'est la perception même de ces vallées qui pourrait être altérée car c'est par ces routes que les vallées se découvrent.
    La nécessité de définir des préconisations architecturales et paysagères prend tout son sens, étant entendu que celles-ci doivent être réalistes pour les maires des communes concernées et les entreprises, et soutenables.

  • Étalement urbain et épaississement de la trame bocagère

    De ces villages, autrefois organisés autour de leur église, qui s'agrandissent depuis leur centre apparaissent des périphéries au tissu urbain relâché. Ils deviennent ces villages "obèses", gonflés de leurs zones d'habitat et/ou d'activités.

    Très souvent les nouveaux secteurs d'habitation prennent la forme de lotissement dans lesquels un modèle unique de maison se reproduit et s'aligne le long d'une voie en boucle.

    Cette tendance engagée se poursuivra avec des extensions urbaines qui se substitueront aux cultures.

    En 2014

     

    C'est tout un système paysager, qui fait aujourd'hui la renommée de cette vallée, qui pourrait ainsi disparaître car ces terres agricoles sont autant de réserves foncières potentielles.

    La courbe démographique de l'Unité de Paysage indique une croissance car la vallée des Drac profitent indéniablement de la proximité du bassin de Gap, pôle urbain et économique majeur du département, mais aussi de l'attrait touristique de ses territoires confirmé par la part considérable des résidences secondaires. Il faut donc accueillir les nouvelles populations, qu'elles soient permanentes ou saisonnières.

    Conjointement à ce phénomène d'étalement urbain profitant du recul de l'agriculture, c'est aussi l'épaississement de la trame bocagère. En effet l'agriculture aujourd'hui est le garant de ce système paysager car elle l'entretient et contient son expansion spontanée. Haies et forêts ripicoles s'étaleraient dans un processus naturel de recolonisation d'espaces laissés libres aboutissant à la disparition progressive du bocage de montagne.